Alors que sous d'autre cieux, des lois sont votées en vue de protéger et de reconnaitre les homosexuels, l'Afrique est déterminée à en finir avec les minorités sexuelles.
Depuis quelques mois, les homosexuels africains assistent à une monté
d’actes homophobes à travers le continent. A l’instar des arrestations
arbitraires, violences physiques et verbales, les actes de vandalisme, les chantages et les meurtres, des lois anti gays ont commencé à voir le
jour un peu partout. Au Nigeria, une loi
criminalisant l’homosexualité jusqu’à
des années d’emprisonnement a été votée.
L’Ouganda vient d'en faire autant. Au Cameroun, la chasse aux
homosexuels est devenue un divertissement national. En République démocratique
du Congo, pays pourtant neutre sur le
plan juridique en ce qui concerne l’homosexualité, un projet de loi a été
soumis fin 2013 à l’Assemblée nationale par le Député Steve Mbikayi. Ce projet de loi vise la criminalisation de l’homosexualité
et son interdiction sur le territoire congolais.
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Goodluck Jonathan, Président du Nigeria, l'un des pays le plus homophobe du continent |
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Yoweri Museveni, Président de l'Ouganda, autre État très homophobe de l’Afrique. Il a demandé à des spécialistes de prouver que l'homosexualité était génétique avant de signer la loi anti gay. | | | |
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Robert Mugabe, Président du Zimbabwe. Il est considéré comme le plus homophobe des chefs d’États africains. |
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Yahya Jammeh, Président de la Gambie. Il est connu pour ses élucubrations homophobes. Il ne cesse de menacer les homosexuels d'emprisonnement et de condamnation à mort. |
«L’homosexualité sous toutes ses formes, en plus d’être un péché,
est une offense contre Dieu et une menace pour l’existence humaine», a-t-il déclaré.
La vague d’homophobie défendue par certains comme une
protection des valeurs africaines touchent même les Etats autrefois tolérants
envers les homosexuels. En Côté d’Ivoire, les homosexuels sont menacés et
humiliés. Il y des craintes que ces
actes encore isolés se généralisent et qu’une législation ne vienne renforcer
cette haine envers les personnes LGBTI en général. A l’exception de l’Afrique du Sud et de
quelques rares pays, la plupart des États africains affichent clairement les
hostilités envers l’homosexualité. De la Gambie, en passant par le Sénégal
jusqu’au Zimbabwe, c’est le même son de cloche malgré les dénonciations faites par les associations de défense des
Droits de l’homme. Une seule phrase revient
partout : « l’occident veut
imposer l’homosexualité à l’Afrique ».
Certaines autorités du continent semblent en faire même un vrai combat
oubliant les nombreuses priorités dont les États ont besoin : pacification
de certains territoires, lutte contre la famine, promotion de la démocratie, éducation, lutte
contre la pauvreté, etc. Selon eux, l’homosexualité n’a jamais existé en
Afrique. C’est une importation de l’occident
au sein de la société africaine.
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Steve Mbikayi, le Député national de la RDC qui veut interdire l'homosexualité sur le territoire congolais |
Cependant, lorsqu’on jette un regard sur l’histoire, d’aucuns
peuvent se rendre compte que l’homosexualité ne vient pas uniquement de l’occident. C’est
un fait qui est lié à l’humanité toute entière depuis des siècles. L'africain
est une personne qui aime bien ignorer sa propre histoire. La colonisation que
le continent a subie à partir du 1885 a largement contribué à créer un black
out sur la plupart des coutumes ancestrales. L'évangélisation en masse de l'Afrique et l'alphabétisation, a certes permis l'émancipation mais a également
favorisé l'aliénation. Concernant l'homosexualité, par exemple, l'occident a
été très homophobe envers cette pratique sexuelle dès le moyen-âge avec la
montée, entre autres, du christianisme.
A cette période, le continent noir était, par contre, plus tolérant
envers les relations sexuelles entre les personnes de même sexe. D’ailleurs, des
chercheurs ont pu trouver des preuves d’une existence de l’homosexualité dans
les traditions africaines. Il n’y avait
pas une appellation unique pour qualifier une relation intime entre deux hommes ou deux femmes. Il existait plutôt plusieurs mots pour désigner l’homosexualité
en Afrique.
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Les homosexuels africains sont contraints pour la plupart à vivre dans l'ombre. |
En Angola, le mot katumua désignait un jeune homme qui était en
relation avec un autre plus âgé. Chez les Azandés (RDC et Sud Soudan), badiare était une appellation affective
utilisée dans une relation entre un guerrier et son jeune « époux ».
Ce mot signifiait tout simplement mon amour. Au Kasaï Oriental (RDC), le terme kitesha
désignait l’homosexualité masculine ou féminine. Au Burkina Faso, les jeunes
travestis étaient appelés soroné. Chez les Massai du Kenya, ils étaient nommés
sipolio. Chez le Méru (Kenya), ces jeunes hommes
habillés en femme étaient désignés comme mugawe. Chez les Nandi (Kenya), une
lesbienne portait le nom de manong’otiot. Parmi les bantous de l'actuel Cameroun et Gabon ( Fang, Bulu, Bene, Jaunde, Mokuk, Mwele, Ntum et Pangwe) les relations sexuelles entre hommes étaient connues sous le nom de bian nku'ma. C'était considerée comme une pratique médicinale qui se transmettait par voie sexuelle entre deux hommes. En Ouganda, le peuple nilotico Lango appelait l'homosexualité mukodo dako. Cela concernait un groupe d'hommes qui se comportaient comme des femmes et à qui on autorisait le mariage avec d'autres hommes. En Afrique du Sud, les homme efféminés étaient désignés sous l’appellation de chibadi. Dans le même pays, dans l'actuel province du Cap, les lesbiennes étaient associées à des divinités feminines. Elles se nommaient isanuses.
Dans l'ensemble, des cas d'homosexualité ont été enregistrés un peu partout sur le continent africain entre le 15 et le 19eme siècle: au Royaume de Dahomey (Bénin), chez le peuble Igbo du Nigeria, les Nuer au Soudan, les Kuria en Tanzanie et les Bushmen de l'Afrique australe. Donc, nos dirigeants et surtout nos
élus aveuglés par la haine et la sous
culture, semblent ignorer tout de cette histoire de notre continent si riche en
valeurs humaines mais très méconnue de nous même.