Le projet de
loi anti gay qui menace la communauté LGBTI a poussé pas mal de jeunes en
République démocratique du Congo à prendre conscience des dangers qui
pourraient les guetter à l’avenir.
Pour ce faire, des associations regroupant les homosexuels ont commencé
à s’orienter vers le militantisme. De
Kinshasa à Matadi, en passant par Bandunduville jusqu’à Goma et Bukavu, une
prise de conscience collective se fait remarquer. Cette situation, inimaginable
voici encore quelques années, est palpable par les activités visant particulièrement les droits
et la santé des personnes LGBTI organisées à travers le pays. Consciente de la vulnérabilité des
homosexuels face à des maladies comme le Sida, les organismes internationaux
comme le PNUD et l’ONUSIDA en partenariat avec des activistes de défense de
droit de l’homme et de lutte contre le VIH sont devenus des véritables alliés
pour ces associations.
D’ailleurs, une formation sur le plaidoyer, le droit de l’homme et VIH a été organisée du 14 au 16 mai 2014
au siège du Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida (PNMLS)
de Kinshasa. Cette formation visée l’amélioration et le renfoncement des
capacités des différentes associations en plaidoyer et en Droit afin de les
armer à mieux se défendre. Les associations suivantes ont répondu présent à
cette formation. Il s’agit de : PSSP Kinshasa, PSSP Bandundu, Arc-en-ciel
Matadi, Si Jeunesse Savait et Jeunialissime. Une autre activité de ce genre
sera organisée au Nord- Kivu pour les associations de la partie Est de la RDC.
En clôture de la formation, une projection du documentaire Call Me
Kutchu a été organisée dans une salle privée sur le boulevard du 30 juin. Plusieurs activistes gays militant dans
l’ombre ainsi que les associations susmentionnées ont pris part à la séance.
Pour terminer en beauté cette semaine très active et militante, toute la communauté
des activistes LGBTI s’est retrouvée le
samedi 17 mai dans un night-club pour célébrer la journée contre
l’homophobie. Plus de 100 personnes étaient présentes pour une soirée de fête
de 18 à 23 h00.
Ces activités prouvent à suffisance que les homosexuels ont compris
qu’ils devaient se battre pour préserver leurs droits dans ce pays. Le projet de loi de Steve Mbikayi est un des
éléments clés de cette lutte pour éviter que le pays ne sombre dans une
homophobie légalisée. A Kinshasa, des
réunions regroupant les associations telles que Jeunialissime, House Club et Si
Jeunesse Savait se tiennent chaque mois pour renforcer l’esprit activiste et
aborder les différents problèmes de la communauté. Des liens importants se sont
noués avec les autres associations dans les provinces, telle que Rainbow Sunrise Mapambazuko de Bukavu
et Arc-en-ciel Matadi.
Il faut aussi noter que les réseaux sociaux tels que facebook et twitter, ont largement favorisé le développement des groupes ciblant la communauté homosexuelle. Des contacts sont pris régulièrement et les informations sont partagées afin de sensibiliser et conscientiser les homosexuels sur leur situation. Plusieurs projets soutenus notamment par le PNUD sont en préparation. La finalité étant d’aboutir à une grande plate-forme réunissant toutes les associations LGBTI de la RDC.
A voir ces quelques pas effectués déjà, il convient de dire que les
homosexuels congolais, en général et en particulier ceux de la ville Province
de Kinshasa n’ont plus seulement l’idée de faire la fête. Ils veulent aussi se
mobiliser et lutter afin d’être respecter dans la société. Dans cette lutte,
Plusieurs but sont visés : le refus de voir des projets de loi anti gay
être votés, la lutte contre la stigmatisation, l’accès facile au centre de
santé et hôpitaux pour les personnes LGBTI malades, La prise en compte des
minorités sexuelles lors des campagnes de vulgarisation contre le VIH-Sida, La lutte
contre les arrestations arbitraires, etc.
Cet éveil du militantisme doit continuer à s’étendre sur toute l’étendue
du pays. Beaucoup d’homosexuels restent encore sceptiques en ce qui concerne
l’activisme en RDC. La plupart craigne
d’être exposé et contraint à faire leur coming out. Cependant, l’accès facile à
internet et le succès de facebook a amené beaucoup de personnes issues de la
communauté LGBTI à adhérer à des groupes de réflexion et à militer dans l’ombre
en vue de soutenir une cause qui est la leur. La peur est certes là mais il
faut s’organiser pour éviter une situation similaire à ce que vivent les homosexuels en Ouganda,
au Nigeria et au Cameroun.
Pour rappel, il y a encore
quelques années, aucun mouvement militant n’existait dans le pays. Par contre,
des mouvements associatifs sous forme d’amical étaient nombreux mais
pratiquement inactifs pour des causes nobles telles que l’encadrement des gays
rejetés par leurs familles ou la lutte contre le Sida. Ils avaient
principalement pour but de réunir les
homosexuels pour des soirées de fêtes ou des sorties entre amis. Cette
absence de militantisme a longtemps contribué
à renfoncer le mépris de la société envers les minorités sexuelles.
JW
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